Encore et toujours la même question qui se ne cesse de marteler mes pauvres nerfs. Et aussi récurrente soit-elle, je ne lui ai toujours pas trouver de réponse suffisante et mes théories sont de plus en plus dénuée de logique. Depuis la nuit des temps, les Wayne sont dotés de pouvoirs surnaturels, comme ceux représenter grossièrement dans les contes pour enfants. Je suis une sorcière. Et avant qu'une image de chapeau pointu et de balai volant accaparent entièrement votre esprit, je tiens à préciser qu'aucune de ses caractéristiques élémentaires ne me représentent, tout comme les nez crochus. Je me suis toujours amuser de ces fausses apparences créées par les humains et de leur naïveté presque ridicule. Mais là n'est pas la question qui me tracasse. Je donnerais corps et âme - si seulement j'en possède une -, pour obtenir une justification digne d'intérêt. Pourquoi moi ? Je suis consciente de ne pas être la seule et unique à faire partie du monde de la sorcellerie, par conséquent, pas la première à être confronter à ce problème qu'est l'ignorance. Ma culture du sujet est limité et j'ignore même si quelqu'un connaît l'explication de mes interrogations. 6 767 954 092 personnes décomptées à ce jour sur la planète, alors pourquoi nous ? Petit pourcentage insignifiant vivant dans l'univers magique ? Malgré toute la volonté que j'exprime à connaître la réponse, j'ai l'impression que la satisfaction d'avoir trouver ne viendra jamais.

J'ouvre les yeux sur une pièce sombre, faiblement éclairée par la lueur blafarde de la lune. L'angoisse toujours nichée dans mes tripes, je reprends peu à peu mes esprits. Un film de sueur collante couvre mon visage et ma respiration est haletante, toute régularité l'ayant quitter. Jamais un rêve n'avait fait naître une aussi grande peur en moi, j'étais déboussolée et totalement perdue. Ce songe m'avait apparu si clairement et avec tant de détails que mon subconscient n'avait visiblement pas marquer les différences qui le séparait de la réalité, d'où la peine qui obstrue ma gorge. Je m'empresse de passer ma main sur ma joue où une larme a coulé. Pour la première fois, je suis heureuse de m'être réveillée aux petites heures du matin et d'avoir quitter cet univers. Même si j'ai la conviction que c'était un simple cauchemar, je ne peux m'empêcher d'avoir d'inquiétants doutes. Je me lève et marche d'un pas encore somnolent vers la chambre d'à côté. Dans le lit , le doux visage endormi de Jude m'apparaît, illuminant soudainement mes idées obscures. Si ce rêve avait été réelle, et que ma chère cousine avait été tuer violemment, je n'y aurai probablement pas survécu. Depuis toujours, elle est comme une soeur pour moi, quelqu'un qu'on ne peut pas détester et une personne que je chérie plus que tout. Elle a toujours représentée une énorme part de ma vie et ce, dès sa naissance. À peine âgée d'un an, j'avais le pressentiment, l'étrange sensation que le petit poupon que ma mère berçait et moi serions uni comme les doigts de la main. Avançant tranquillement, j'essaie d'oublier les scènes noires, de les repousser au plus creux de ma tête et de les éloigner à jamais.

Seulement, ils n'ont pas l'intention de me faire ce cadeau et reviennent plus brutalement à chaque tentative, comme un élastique qui claquerait douloureusement autour de mes tempes. Je ferme les yeux, espérant trouver une solution pour détruire définitivement cette chimère. Mes paupières sont fermement closes et malgré tout, des gouttes d'eau salées se déversent sur ma peau, striant mes joues de toute part. Si j'avais eu les yeux ouverts, ma vue se serait embrouillée et ma vision des choses auraient été dérangée, mais malheureusement, aucun de ses aspects ne m'apporte du réconfort. Les seules choses que je distingue clairement sont Jude mutilées et en sang et un immense feu. Je peux pratiquement ressentir la souffrance qu'elle a subi avant que je trouve sont corps sans vie, allongée sans grande dignité sur le sol froid et dure de la place publique. J'ai beau vouloir la prendre dans mas bras, hurler à l'aide et sangloter bruyamment, personne ne détourne le regard et poursuit sont chemin, comme si le lac rouge qui teintait le parquet n'existait pas. « JUDE ! RÉVEILLES-TOI ! JUDE ! » Je n'époumone à crier son prénom. Je sais qu'elle est morte, mais le reconnaître m'achèverait et je n'aurais plus qu'à m'étendre à ses côtés et attendre que la mort m'emporte moi aussi.

Je divague et ces images semblent s'incruster dans mon crâne aussi profond qu'elles le peuvent. Perdue dans mes cauchemars, j'avais oublier que j'étais toujours dans la chambre de Jude, sanglotant et criant les mêmes mots que dans mon rêve. Les mains froides pratiquement glacées de Jude me secouent les épaules et j'ouvre enfin mes yeux sur ses traits inquiets et fatigués. Sans mot dire je la prends dans mes bras et la serre comme si ma vie en dépendait.

JUDE ; « Qu'est-ce qui se passe, bon sang ?! Tu vas bien ? »
TENESSE ; « Oh Jude ! J'ai..rêvée. de ta m..mort . »

Réussis-je à balbutie malgré les pleurs qui étouffent mes paroles. Jude me frotte le dos d'un geste affectif et attentionné et je continue de verser des flots de larmes sur son épaule désormais humide. Elle doit probablement croire que je suis cinglée, mais elle continue de murmurer des petits;

JUDE ; « Ça va Tenesse, c'est terminée. Shhh. »

Je n'ai pas pour habitudes de paraître si faible et impuissante. Les personnes m'ayant déjà vu pleurer sont très rares et malheureusement pour elle, Jude fait partie de celle qui ont assisté à la scène plus d'une fois. Avec elle, je n'ai pas à garder l'apparence d'une femme forte et indépendante car je sais que peu importe comment j'agirai, elle continuera de me soutenir. Mes sanglots s'atténuent doucement sous la preuve tangible qu'elle n'est pas morte. Bientôt, je finis par ne plus pleurer et retrouver tranquillement mon calme., toujours blottis dans les minces bras de Jude. Les rôles sont inversés pour une fois et c'est elle qui doit me protéger de la douleur que sa perte aurait pu me causer. Ma cousine me demande quel était ce rêve précisément et réitère la question souvent, mais je l'ignore. Je refuse de me remémorer ces images, espérant les avoir anéanti pour toujours.

Quelques minutes plus tard, je suis toujours dans la pièce voisine de ma chambre, couchée aux côtés de Jude. Le sommeil ne va pas tarder à m'emporter et la peur de retrouver le même songe s'empare de moi sans que je puisse la contrôler. Je dois affronter cette chimère, maintenant ou jamais.

Je n'ai jamais été considérer comme une jeune fille bien rangée et discrète tout simplement parce que je ne le suis pas. Mon désir étant de ne pas passer inaperçue, je déteste lorsqu'on s'efforce d'oublier ma présence, me rendre invisible. Et pourtant, malgré tous les efforts qu'il y met et toute l'irritation que cela m'apporte, je suis toujours aussi attirée par Amadéo. Et ce qu'il y a d'encore plus agaçant, c'est que mon pouvoir ne semble pas l'affecter. Ça m'aurait été utile de pouvoir contrôler ses désirs charnelles et d'évidement tous les lier à moi. Mes ressources sont épuisées, aussi minces soient-elles, car, habituellement, je n'ai pas besoin de charmer quiconque, avec mon don. Seulement, maintenant qu'il est hors service avec Amadéo, j'ai dû recourir à d'autres ruses qui ne m'ont pas été d'un grand secours. La gentillesse n'a rien donner puisque je suis incapable d'appliquer ce concept. Me reste plus que la provocation, seule arme qui semble encore en mesure de le désarçonner. Je sais qu'il finira par craquer, c'est la seule fin envisageable.. Non ? Même si le temps commence à me peser, je dois attendre le moment où il se rendra compte qu'il est fou de moi. Je suis plutôt optimiste en fait; ce n'est qu'une question de temps. Je ne suis pas amoureuse de lui et même si c'était le cas, je le nierais tout bonnement. Aimer signifie préférer quelqu'un d'autre à soi-même et ça, c'est impensable dans mon cas.

Et pourtant, je ne peux détacher mon regard de ses traits si parfaits. Les bruits autour de moi s'éteignent doucement pour devenir qu'un simple murmure, une trame de fond. Toutes les silhouettes qui ne sont pas lui et moi semblent flou et indéfinis, presque sombres. L'endroit est bondé à croire que tout le monde a décider de faire ses courses le même jour. Je tâte le même fruit depuis dix bonnes minutes sans vraiment y prêter d'attention puisque celle-ci est entièrement solicité. Amadéo se tient à quelques mètres plus loin, le visage toujours tourné vers la droite. Intriguée par ce qui accaparent ses pensées, je suis son regard pour apercevoir Jude, un peu plus loin. Il la fixe d'une étrange manière et un instant, je me demande si c'est bien elle qu'il observe. Il secoue la tête et recommence à faire ses courses. Voyant ma chance je fonce droit sur lui, avec la ferme intention de ne pas me laisser ignorer cette fois.

TENESSE ; « Bonjour bel homme. Alors, on fait ses courses ? »

Question stupide. Je le regarde en souhaitant arduemment que le ton veloutée et sensuelle de ma voix rattrape le coup. Une fois de plus, je tente d'appliquer mon don sur lui. Résultat; un échec cuisant. Je le vrille du regard y mettant toute ma volonté et absolument rien. Si c'avait été possible, je me serais sans doute fouler les yeux tant je voulais le forcer à se résoudre à mon pouvoir. Sa tenacité devenait agaçante et je m'inquiétais de l'état de mon don. Je ne m'en ai pas servi couramment ces temps-ci et peut-être qu'il ne marche plus, tout bonnement. Je détourne mes yeux de ses iris et regarde au loin; deux jeunes gens côtes à côtes. Ils ne semblent pas se connaitre et ce seront les cobayes parfaits. Je concentre toute mon énergie sur eux, les fusillant des pupilles. Ils se retournent vers l'autre presque simultanément, dans un même mode synchrome. Leurs regards me suffient à conclure que le problème c'est Amadéo, pas mon pouvoir.

AMADÉO; « Oh euh.. salut. On dirait bien. »

Sa voix, toujours aussi distante, est ecore plus charmeuse que son visage. Ses pensées sont visiblement ailleurs ce qui a pour effet de m'agacer encore plus. Quand ce garçon cessera-t-il de m'ignorer de la sorte ? Je détecte l'ombre d'un sourire sur ses lèvres, comme si quelque chose l'amusait. Ne remarquant rien susceptible de déclencher son hilarité, j'avance dangeureusement près de lui. Mon visage à quelques centimètres du sien. Il ne bronche pas, mais finis par reculer d'un pas, tuant ma tentative dans l'oeuf.

AMADÉO; « Content de t'avoir vu, je dois y aller. »
TENESSE ; « Ouais, c'est ça ! »

Mais je marmonnais ses paroles pour moi-même puisqu'il était déjà parti d'un pas pressant. Maudissant ce garçon, je me questionne une seconde à savoir quel sentiment de l'attirance et de l'irritation est le plus fort. Détestant la réponse qui s'impose à moi, je continues mes courses, furieuse pour la énième fois d'avoir reter ma chance, celle qui ne me laisse jamais prendre.