» All history has a beginning [ PV Amadéo ]

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« Perhaps life will make you mine »

Se confondre dans le paysage, n'est-ce pas avantageux ? Et davantage pour une personne dans mon cas qui, confrontée aux chasseurs, se devait réagir immédiatement en prenant les jambes à son cou. Ce jeu au chat et à la souris était fort inutile pour moi. Il me suffisait simplement de me glisser dans une ruelle ou dans un coin sombre, et paf : disparition. Mais renforcer ce pouvoir pouvait peut-être en développer un autre, et sans m'en rendre compte, je m'y exécutais parfaitement. Avant que je ne m'écroule, j'avais eu à mon compte un total de 5 heures consécutives, avec peut-être une bonne demi-heure de pause. Trop d'énergie dépensée comparée à celle que je contenais dans mon maigre corps. Cependant, ne me sous-estimez jamais. Jamais.

A ce jour, je pouvais bien être fière de moi. Mais non, pourtant je n'étais jamais satisfaite de mes progrès. Toujours dépasser ses limites, les repousser encore et encore sans se soucier des conséquences, parfois dramatiques lorsqu'on excédait ses capacités. Et me voilà dans ce cas. Enfin bref, passons. Pourtant, le commencement de cette journée glaciale n'avait pas prédite une fin, si je peux m'exprimer ainsi, si honteuse et pathétique. Je m'étais réveillée aux aurores, comme à mon habitude, suivant la petite routine du mercredi. Accomplissant mes tâches ménagères, je n'avais pas oublié de préparer l'encas préféré de ma cousine (qui n'était pas aussi matinale que moi), puis, avais vaqué à mes occupations jusqu'au retour de ma tante. Lire, j'aimais beaucoup cela. Peu de gens savaient lire dans ce village reculé du Massachusetts. En général, nous n'avions que la bible comme seul ouvrage publié dans la bibliothèque principale. Mais ma mère, grande lectrice qu'elle était, avait reçu des livres provenant d'une contrée plus évoluée que Salem. Que j'avais bien évidemment hérité après son décès.

Revenons en au lac. Non pas recroquevillée sur moi-même, seuls mes genoux s'étaient rabattus à ma poitrine, laissant la peau de mes bras et de mes jambes à découvert. Ma mine était sereine et je me sentais étonnamment bien. J'étais dans mon élément. La nuit était bien évidemment tombée, me laissant seule sombrer dans le paysage. Et bientôt en une compagnie qui se pourrait être la future confrontation de mon cœur...

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Here by my side, an angel
Here by my side, the devil
Never turn your back on me
Never turn your back on me, again
Here by my side, it's heaven

L’atmosphère était si flegmatique que le teint de Jude s’apparentait quasiment à la teinte de la neige parmi toute la frondaison du Grand Lac. Bien que celle-ci ne soit pas encore très abondante, les arbres en comportaient suffisamment pour briser l’autan mélodieux du vent. De plus, la fraicheur du crépuscule ne contribuait pas la circulation du sang. Tout cela coïncidait logiquement. La lune, à son apogée, se réfléchissait dans l’eau, renvoyant sa lumière sur Jude. Dès alors illuminée, elle paraissait angélique, sensible, et particulièrement fascinante. Elle était étendue sur le limon cendré, l’esprit inconscient et les mirettes closes. Seul son souffle régulier témoignait qu’elle était bien vivante. Ses boucles promenées par l’air s’étaient légèrement amoindris à l’arrière de sa tête, gardant de sa grâce naturelle. C’est alors que des pas s’approchèrent de son corps inanimé, faisant d’elle une misérable poupée sans défense.

Percevant le contact d’une peau brûlante (comparée à la sienne, congelée), elle crût que l’intégrale réalité (l’entrée en scène de l’homme auquel elle était prédestinée) n’était qu’une pauvre fiction tiré de son imagination. « Réveilles-toi ma belle, et constates par toi-même » Le sol de pierre de la grotte sur laquelle elle fit installée se faisait que très peu sentir, et l’humidité n’était heureusement pas présente. Les crépitements de l’embrasement crées par le jeune chasseur produisaient une ambiance passionnée tout en restant dans ce côté aventurier, ce qui aurait flatté Jude (uniquement si celle-ci avait été lucide). Dans son sommeil, elle se colla davantage vers celui-ci qui pourtant, devait être son pire ennemi. Le trappeur de ces dames maléfiques. Jude ne l’avait aperçu qu’une fois dans ce bar, et un seul regard échangé avait spontanément modifié le cours de leur vie. La complexité d’une telle éloquence entre deux êtres contradictoires ne serait vraisemblablement pas facile à mener. « Les différences s’attirent », n’est-ce pas. Quoi qu’ils fassent, leur destin ne leur échapperait pas. Même s’ils décideront de dissimuler leurs sentiments pour sauvegarder leurs racines antithétiques, ils finiront un jour ou l’autre par se retrouver.

La chaleur ressuscita toute son entité, la réveillant petit à petit. Plus elle reprenait vie et plus elle s’accrochait à son sauveur, sa main posée sur la sienne. Revenant précipitamment à elle-même, les informations englobant la douleur eurent guère atteint son cerveau que Jude se revivifia derechef. Comme réveillée d’une profonde torpeur, elle palpita à la vue du sang sur ses doigts. C’est alors que ses yeux se posèrent sur le barmaid de la taverne, qui lui était encore étranger. Par instinct de protection, c’est sont pouvoir qui prit la suite, la faisant aussitôt disparaître. Très néfaste pour Jude qui, sans pouvoir contrôler quoique ce soit, s’était trahie elle-même.

Elle s’était rapidement faufilée en un claquement de doigts vers l’arrière obscur de la grotte, pour disparaître telle la fumée que créaient les flammes puissantes. Ses prunelles dilatées et son souffle discontinu démontraient bien qu’elle était totalement déstabilisée. Mais bon sang, voulait-elle vraiment un billet allé vers la mort ? Et, d’un autre point de vue, qu’avait-elle fait pour se retrouver sur le torse à peine couvert de cet inconnu ?!

Son regard de saphir captivait totalement la juvénile Von Teese, le fixant avec un regard de stupéfaction et d’appréhension. Que s’était-il produit ? Émettant toutes les hypothèses concevables, elle n’osa pas parler. Sa réaction des plus félidé n’avait pas atténuée cette perception péjorative que les mortels attribuaient aux sorciers et sorcières. C’est à bout de forces qu’elle réapparut, s’effondrant à nouveau sur le sol..